1/
Cette paroisse assez importante aujourd’hui depuis la réunion qui y fut opérée le 25 mars 1845 de la commune de Camfleur-Courcelles, ne comprenait autrefois qu’une superficie de 8I6h, 60a, 70c; bornée par celles de Corneville-la-Fouquetière, Saint-Clair-d’Arcey, Camfleur, Courcelles, et Serquigny (I).
Désignée sous le nom de Fontanoe dans le Dotalitium Ducissoe Judith où elle apparaît pour la première fois, elle ne porta plus tard celui de Fontes abbatis que par suite de la donation qui en fut faite en I027 à l’Abbaye de Bernai par Richard II, Duc de Normandie.
Une Charte de Henri II, roie d’Angleterre, donnée en I060 à 1’Abbaye de Bernai, et qui confirme celle de Richard II, renferme encore ces mots : Fontanoe cum campo qui dicitur campus Ernenoldi.
Le premier pouillé d’Evreux la désigne aussi sous le nom de Fontes abbatis, tandis qu’un aveu rendu au roi en 1484, par Jehan, humble abbé de l’Esglise et abbaïe de Nostre-Dame-de-Bernai, l’appelle Fonteine-l’Abbé.
L’origine de cette paroisse remonte à la domination romaine, et les constructions antiques que l’on rencontre sur le triage de la Forêt de Beaumont-le-Roger ne laissent aucun doute à cet égard. Cette opinion est généralement confirmée par la découverte de 400 médailles du Bas-Empire qui y furent trouvées en I830; aussi nous ne doutons pas que des fouilles faites dans ces ruines, aujourd’hui couvertes de buis, n’offrissent des résultats très satisfaisants. Tant qu’à son nom, il provient assurément de ces fontaines qui prennent naissance derrière le château actuel et vont bientôt se jeter dans la Charentonne après avoir fait tourner 1e Moulin Jumel.
A la fin du X° siècle, elle faisait partie du domaine ducal; mais après la fondation de l’abbaye par la pieuse Judith, elle passa entre les mains du nouveau monastère, et ce fut alors que, pour indiquer ce changement de possesseur, 1e premier abbé joignit au nom primitif de Fontanoe celui d’abbatis.
Ici se présente un fait très important dans l’histoire générale du pays, car il s’agit de l’affranchissement des derniers esclaves. Lorsque Judith épousa Richard II, une servitude complète régnait encore dans toute la contrée, et c’est ainsi que nous voyons cette princesse apporter en dot des domaines immenses avec ses esclaves et tout ce qui leur appartenait. (Cum servis et omni suppellectiliearum).
(I).Le 5 Fructidor an V, les paroisses de Camfleur, de Courcelles et le hameau du Moulin avaient été réunies en une seule commune sous le nom de Camfleur-Courcelles; mais dans cet article il ne sera question que de l’ancienne paroisse proprement dite de Fontaine-l’Abbé.
Judith de Bretagne, duchesse de Normandie (982 – † 16 juin 1017)
Le mariage du duc de Normandie Richard II (996-1026) avec Judith, sœur du duc de Bretagne Geoffroi Ier marque l’alliance des ducs de Normandie et des comtes de Rennes, d’autant que Geoffroi épouse lui-même Havoise, soeur de Richard. Selon un usage que l’on retrouvera lors de l’union de Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandre, le mariage de Richard et de Judith a lieu à la frontière des deux principautés, près du Mont-Saint-Michel. La nouvelle duchesse reçoit de son époux des domaines du nord du Cotentin. du Cinglais et du Lieuvin. Deux des trois fils que Judith donne à Richard II, lui succéderont : Richard III (1026-1027), et Robert le Magnifique (1027-1035). Ce n’est qu’avec le fils de ce dernier, Guillaume le Bâtard, que la question de la descendance légitime des ducs de Normandie sera à nouveau posée, notamment par les autres fils de Richard II, pourtant nés de sa concubine Papia. Le mariage d’une des filles de Judith, Alice, avec le comte de Bourgogne Renaud, montre l’ampleur du champ où s’exerce la diplomatie normande. Enfin, c’est à la demande de Judith, réputée pour sa piété, que Guillaume de Volpiano fonde l’abbaye de Bernay vers 1015, dont l’église est une étape majeure de l’art roman en Normandie |
2/
Ces esclaves qui formaient une classe nombreuse parmi la population, étaient réduits à l’existence 1a plus misérable. Mis par la loi du plus fort au nombre des choses, vendus et traités comme un vil bétail, ils subissaient tous les caprices d’un maître toujours avide et sans pitié, car, dans leurs mains, ils n’étaient qu’un simple instrument de travail dont le sort variait suivant le caractère de leurs possesseurs. Ce fut cette dure condition imposée à ces esclaves, qui, sous l’influence bienfaisante du Christianisme proclamant le seigneur et le serf égaux devant Dieu, inspira à Judith la pensée généreuse de leur accorder la liberté. C’était aussi l’époque où chacun, en proie aux terreurs occasionnées par l’approche de l’an mil, s’empressait d’assurer son salut éternel en donnant aux Eglises des biens qui étaient devenus inutiles en ce monde qui allait finir.
Tandis que Judith, sous l’empiré d’une ferveur religieuse que redoublait cette crainte, fondait l’abbaye de Bernai en la dotant de richesses considérables, elle affranchissait en même temps tous les esclaves de ses domaines, en leur concédant à titre gratuit de vastes terrains dans chacune des paroisses où ils se trouvaient ; Serquigny, Fontaine, Saint-Léger du Boscdel, Saint clair d’Arcey, Camfleur, Courcelles, etc…furent ainsi dotée de ces biens qui ont porté jusqu’à nos jours le nom de communes.
Dans le principe, ces biens furent destinés à l’usage exclusif de ces esclaves, qui, au moment de leur mise en liberté, se trouvèrent privés de toute ressources, puisque jusque là ils n’avaient le droit de rien posséder; ils en jouirent paisiblement pendant plusieurs siècles, mais après l’organisation actuelle des communes en 1789, ces ropriétés furent placées sous l’administration municipale.
Dans chacune des paroisses où ces biens étaient situés, cette donation par la princesse Judith fut gravée sur une Table de bronze, pour en perpétuer le souvenir; et la garde en fut confiée à la famille la plus notable qui se la transmettait de père en fils comme un dépôt sacré. Ces monuments sont disparus depuis longtemps, et probablement sans aucun espoir de retour.
A Saint-Léger-du-Boscdel, elle existait encore en 1817, époque à laquelle mourut Jacques Motte, le dernier descendant de cette famille à laquelle cet honneur était réservé. Malgré les recherches de ses héritiers, il a été impossible de retrouver cette table de bronze, disparue au moment du décès de ce notable qui la montrait encore avec orgueil quelques jours avant sa mort. D’après des renseignements précis, elle servit longtemps à couvrir des pots à lard chez un nommé Desmollands, au village de ce nom; puis vendue comme ferraille, il y a une trentaine d’années à un nommé Douis, fripier à Bernai; elle fut jetée au creuset quelques jours après par un fondeur de Lisieux.
Ainsi périt après VIII siècles et demi d’existence, ce monument destiné à perpétuer éternellement le souvenir d’un des faits les plus importants de notre histoire.
Ce bronze, d’une hauteur de 1 m 10 sur 0 m 50 de largeur, portait gravées à son extrémité supérieure les armoiries de Judith de Bretagne, tandis qu’une inscription en caractères romans en couvrait chacune des faces.
Judith de Bretagne, duchesse de Normandie (982 – † 16 juin 1017)
Le 24 janvier 1789, c’est la convocation des Etats Généraux, les élections se déroulent en mars, et le 5 mai, c’est l’ouverture des Etats généraux à Paris. Le 9 juillet 1789, ils se transforment en Assemblée Nationale Constituante. Le 14 juillet, c’est la prise de la Bastille, le 4 août, l’abolition des privilèges et le 26 août, le vote de la déclaration des droits de l’homme. Le 2 novembre les biens du clergé sont mis à la disposition de la nation. Le 11 novembre, on décide de remplacer les anciennes subdivisions administratives par les départements. Le 29 novembre on décide de maintenir provisoirement en place les officiers municipaux. Puis, « l’Assemblée Constituante par la loi du 14 décembre 1789 décida de transformer toutes les municipalités, quel que fut leur nom, en communes organisées d’une manière uniforme, leur administration étant toujours confiée à un Conseil Général de la Commune composé d’Officiers Municipaux (3 jusqu’à 500 habitants, 6 de 500 à 3000, etc.) et de notables (deux fois plus nombreux, les uns et les autres étant élus par les citoyens actifs pour 2 ans, et renouvelables par moitié chaque années. Parmi eux étaient choisis le maire et le procureur syndic. Les élections eurent lieu au début de 1790 et les administrations nouvelles se mirent progressivement en place. |
3/
Lorsque la nouvelle abbaye de Bernay fut en possession des domaines qui lui avaient été donnés par la princesse Judith, son premier soin fut de les fieffer à des colons moyennant certaines redevances dont nous parlerons plus tard; car, ne pouvant faire cu1tiver ces terres par ses indolents chanoines, elle eut été réduite à n’en tirer aucun revenu.
Dix ans après la mort de cette princesse, Richard II voulut consacrer par une charte solennelle, datée de l’an 1027, toutes les libéralités qui auraient été faites à cette abbaye. Cette paroisse (Fontaine l’Abbé) toute entière, c’est-à-dire ses bois, ses prés, ses terres de labour, son église et son moulin, furent compris dans cette donation, à l’exception toutefois de la portion concédée aux anciens esclaves.
Vers I060, une autre charte donnée par Henri II, roi d’Angleterre, vint confirmer ces donations primitives.
Au mois de Février I252, Jean de Planque et Adoline sa femme, augmentèrent encore ces domaines en donnant à l’abbaye leurs bois situés audit Fontaine, près celui de Michel Lecauchois.
Plus tard une contestation s’étant élevée entre les religieux et Jean de Fontaines au sujet du patronage de l’Eglise une transaction signée en 1255 mit fin à ce débat.
D’après cet accord, il fut convenu que le patronage de l’église de Fontaine-l’Abbé (Ecclesia S.Johannis de Fontibus abbatis) serait alternatif entre Jean de Fontaine et les religieux de Bernai. Jean possédait le tiers de ce patronage en droit de sa femme Denise fille de Robert d’ouche “de Ocha” chevalier.
Les paroissiens de Fontaine possédaient une certaine étendue de terrain dont ils Jouissaient en commun et nous avons vu plus haut comment ces biens leur avaient été donnés par la Princesse Judith.
D’après une sentence rendue le 4 Décembre 1601 par la Maîtrise des Eaux et Forêts d’Orbec, ils furent condamnés ainsi que les habitants des paroisses de Courcelles, de Camfleur, du village des Mollands (1) et de st Léger du Boscdel, à faire des réparation nécessaires aux Planches d’entre les paroisses de Courcelles et de Fontaine l’Abbé ; par suite d’une transaction en date du 10 Mars 1602 ces réparations furent faites d’un commun accord par les habitants de ces paroisses (2).
Dans un titre de 1482, on lit la mention suivante:
” Ils avaient en communauté la pêche sur une branche et portion de rivière assise au lieu de Courcelles au dessous du Moulin de Plasnes, assis et en temps que s’étend depuis les Hautes Bayes du Moulin de Courcelles jusqu’au bout de l’Isle d’Oissel ; laquelle rivière est commune auxdits de Courcelles et à ceux de Plasnes, et y peuvent pescher et par semblable les habitants de St. Léger.”
(1) Ce village composé de 20 feux dépendant de 4 paroisses, St Léger du Boscdel, Rostes, Courcelles et Serquigny.
(2) Les Planches dont il s’agit, servaient à établir une communication directe entre l’Eglise de Fontaine et la Paroisse de Courcelles en aval des Moulins de Plasnes; elles ont été remplacées vers 1850 par un pont en briques appelé le Pont de Fontaine.
Quelques documents datés concernant Fontaine l’Abbé :
12 Novembre 1385.- Vente par Jehan de Bailleul escuier à Colin de Longpré escuier de trois pièces de terre en pré que ledit de Bailleul tenait à cause de Delle Jehanne sa femme et bornant le chemin de Bernai à Beaumont-le-Roger moyennant 4 livres tournois. Cette vente fut faite devant Pierre Langlois Vicomte de Harcourt et garde du scel aux obligation à de la dite vicomté. 2 août 1394.- Fieffe à Raoul de Gonelle de Courcelles par Colin de Campic de la paroisse de Fontaine l’Abbé, de la moitié d’une pièce de terre en pré sise audit Fontaine bornant le pré à la pépine, moyennant deux sols tournois de rente par chacun an à la Saint-Michel. 20 Avril 1457.- Accord survenu du consentement de messieurs les abbés et religieux de Bernai entré Guillaume Couillard et Taulin Guilbout, par lequel, il est arrêté que ledit Couillard exercera l’office de prévosté de fontaine l’abbé et forestaige et verderie de la Haye l’abbé seulement et que ledit Guilbert aura et exercera la Verderie et forestaige des Bois canard, Carentonne et St Clerc d’Arcei et qu’ils auront le regard l’un sur l’autre, et jouiront par moitié des droits attachés audit office, auront chacun trois boisseaux de blef par an à prendre sur ledit moulin audit fontaine au lieu de six boisseaux de pois que lesdits sieurs Religieux étaient obligés leur faire, moudront chacun à demie moulte, et ne seront sujets qu’à un demi pasnage et paturage etc… |
4/
Dans un autre titre bien postérieur puisqu’il ne date que de 1779, on trouve: ” Toutes ces paroisses n’eurent jamais d’autre communauté que de contribuer aux réparations des Planches à Cause des deux bras de rivière dont 1’un appartenait à Plasnes, Courcelles et St Léger; ces biens ayant été anciennement au même Seigneur avant 1’inféodation ou partage; ce dont on ne doit pas douter d’après 1’existence de deux moulins Jumeaux sur ledit bras de rivière, 1’un se nommait 1e Moulin de Plasnes et 1’autre 1e Mou1in de Courcelles appartenant présentement tous deux au Seigneur de Courcelles, le dernier d’ancienneté et le premier par acquêt du Marquis de Prie Seigneur de Plasnes et Seigneur suzerain de Courcelles et de St Léger. L’autre bras appartenait à ceux de Fontaines et de Camf1eur sur lequel est la continuité du pont, ce qui a fait comprendre les quatre paroisses dans la sentence de 1601 jour la réparation dudit pont ou desdites Planches.
Le document suivant nous donne quelques indications sur 1’importance de ces propriétés appelés Communes et que possédaient les habitants de Fontaine; c’est un aveu rendu le 17 mai 1642 par Anthoine Mouchard et Pasquet Aubin au nom et comme procureurs et ayant le consentement des paroissiens en généra1de la paroisse de Fontaine 1’Abbé par certificat expédié en état de commun de la dite paroisse le 23 mars 1642.
Cet aveu était baillé à l’abbaye pour 47 acres de terre vulgairement nommées communes.
La première en paturage, rivière et ruisseaux contenant 31 acres bornant le Seigneur Comte de Maure pour la Haye l’Abbé en partie et autres, d’un bout les Sieurs De Garancière pour la Malaizière et autres, et d’autre bout le Sieur de Cerquigny et la rivière du Commun.
La deuxième contenant 4 acres en ilôt bornant la Seigneurerie de Courcelles et la rivière de Plasnes.
La troisième en bruières et bois abroutis contenant 7 acres 2 vergée nommée Le Chouquet bornant le Sieur Comte de Maure et plusieurs.
La quatrième en bois et bruières contenant 2 acres 2 Vergées nommée La Livrée, bornant le chemin de Fontaine à Corneville et le chemin Saunier.
Sur lesquels héritages tous lesdits habitants et paroissiens de Fontaine ont droit de pâturage pour leurs bestiaux, de pescher aux rivières et ruisseaux, et de prendre et couper du bois et bruière pour leur user et sont tenus à foy (3), hommage (3) vers ladite abbaye et aux pasnages, reliefs(1), treizièmes (2) et autres droits Seigneuriaux quand le cas s’offre.
Nous ignorons à quelle époque et comment les bois et bruyères dont il vient d’être question, cessèrent d’appartenir au commun, mais les prairies communales étaient encore possédées par la municipalité de Fontaine au commencement du règne de Napoléon III : Une partie fut alors vendue pour subvenir aux frais de reconstruction de l’Eglise et d’une Maison, d’Ecole; et ce fut sous cette administration désastreuse que fut concédée sans adjudication pour un prix minime, a un sénateur de l’Empire la portion la plus estimée de ces prairies. Les habitants réclamèrent, mais en vain, le célèbre Janvier de la Motte, alors Préfet de l’Eure, autorisa cette violation de la loi.
(1) Le Relief était le droit dû au Seigneur pour la jouissance du fief ou héritage, par suite de la mort ou mutation du vassal.
(2) Les Treizièmes étaient les droits dus au seigneur pour son consentement sans lequel (par le droit des fiefs) le possesseur ne pouvait transporter le fief à son héritier ou à un autre.
(3) La Foy et l’Hommage n’étaient dûs que par la mort ou mutation du vassal et non par celle du seigneur.
Quelques documents datés concernant Fontaine l’Abbé :
– 20 avril 1492.- Information par Guillaume ange lieutenant généra1des Maistres et enquesteurs des eaux et forests du Roy en la province de Normandie, par laquelle des bois de Fontaine appartenant à 1’Abbaye de Bernai ont été reconnus exempts du droit de tiers et danger, etc |
5/
Avant 1789 les habitants de Fontaine ne possédaient aucun conseil élu pour 1’administration de leurs affaires publiques; comme dans toutes les paroisses rurales, “ Tous et chacun des habitants, le Commun; comme on disait alors, intervenaient dans chacune des affaires qui pouvaient intéresser la paroisse. Au son de la cloche ils s’assemblaient sur la friche ou Commune pour y délibérer et nommaient un syndic pour faire exécuter leurs ordres. ”
Chacun des paroissiens veillait au maintien des droits du commun et soumettait ses observations à la prochaine assemblée; aussi plus d’une fois ces droits furent énergiquement défendus contre les empiétements des seigneurs du fief de Bétheville ou les prétentions exorbitantes des Abbé et Religieux de Bernai.
Nous avons retrouvé les dates de quelques-unes de ces assemblées, ainsi :
23 Mars 1642.- Réunion du commun.
27 Septembre 1716.- Jacques Clozet syndic; Baptiste Bucquet collecteur.’
9 Mai 1717.- Jean Legrand prêtre curé de Fontaine. Assemblée du Syndic et des habitants pour nommer (en état de commun) des collecteurs pour l’année 1718.
(Dans ces réunions le rôle des impositions était lu à haute voix par le collecteur, et les habitants rassemblés à sa requête indiquaient et approuvaient les changements qu’on devait y opérer).
1° Septembre 1737.- Réunion du Commun. Charles Vourier occupant la dixme de 428 livres.
8 Mars 1789.- Rédaction du cahier de doléance par onze notables réunis sous la présidence de M Fouquet, curé de Fontaine et syndic municipal de ladite paroisse. (Dans ce cahier les habitants réclamaient diverses améliorations à leur situation, et principalement la suppression des privilèges qui détruisaient la proportion suivant laquelle chaque citoyen devait supporter les charges publiques).
Cette paroisse comprise autrefois dans l’Election de Bernai fut imposée au Rôle des Vingtièmes de 1789 pour une somme de 2461 livres. Au moment de la création des Districts appelés plus tard arrondissements, elle fit partie de celui de Bernai et du canton de Beaumont-le-Roger. D’après un relevé officiel de cette époque, elle renfermait alors 27 citoyens actifs. Aujourd’hui elle dépend du canton et de l’arrondissement de Bernay.
En 1733, on y comptait : 20 Journaliers, 15 laboureurs et 8 harnais à 4 chevaux.
En 1789, on y comptait 60 feux.
En I760, le Rôle des Vingtièmes fournit les indications suivantes:
Prix commun des biens et des denrées
- L’acre de terre….12 liv.
- id de pré……10 liv.
- id de masure…30 liv.
- id de pature…10 liv.
- Le boisseau de bled 3 liv.
- L’’arpent de bois… 6 liv.
- id d’avoine 2 liv.
Grains : Mesure de BERNAI pesant 80 livres, le boisseau de bled 3 liv.
Un aveu du 7 Juillet 1785 Nous fait aussi connaître pour cette année les prix ci-après:
- L’avoine valait 3 livres le boisseau
- Les oeufs 6 sols la douzaine
- Un chapon 20 sols
- Un pain 3 sols
- Une poule 12 sols
- Une chandelle de cire 2 sol
Quelques documents datés concernant Fontaine l’Abbé :
– 6 Mai 1405. Fieffe faite par l’abbaye à Raoult Lefebvre et à sa femme au plus vivant des deux, d’une manoir avec toutes ses appartenances sans en rien réserver assis audit fontaine, Jouxte Guillaume Lemonnier d’une part et le chemin du Roy d’autre part; d’un bout et d’autre Guillaume de Vernon, moyennant 60 livres de rente à l’office des Pitances au terme de Saint-André. – D’après un aveu, du 6 Décembre 1419, il existait près le chemin Saunier une pièce de terre nommée les Baillis et le Parquet qui payait l’abbaye de Bernai par chacun an une mine d’avoine seigneuriale, mesure du grenier de ladite abbaye – Dans les Monstres générales de la Noblesse du baillage d’Evreux, tenues en 1469, à Beaumont-1e-Roger, on voit parmi les nobles, noblement tenans, et officiers du Roy notredit Seigneur de 1a Vicomté de Beaumont, estant en 1’ordonnance et service du Roy notredit Seigneur Robert du Va1, Seigneur d’une porcion de fief assise à Fontaine 1’abbé, de 1a Compaignie de Monseigneur le Sénécha1de Toulouse. – Dans le Rôle des Taxes de l’arrière-ban du Baillage d’ Evreux, en 1568, on lit: à la Vicomté de Beaumont-le-Roger que M° Thomas Bellenger Seigneur de Fontaine l’Abbé paya 12 livres pour sa taxe de l’arrière-ban. |
6/
LE FIEF DE BETHEVILLE
Lorsque Judith gratifia au XI° siècle l’abbaye de Bernai de tous les biens qu’elle possédait à fontaine l’abbé, cette donation ne put comprendre la totalité de cette paroisse ; une portion peu importante, il est vrai, se trouvait entre les mains d’un petit Seigneur indépendant dont l’histoire ne nous a pas conservé le nom. Son domaine appelé Betheville (I),bornait à l’Est et au Midi l’Eglise de Fontaine, et son habitation disparue depuis deux siècles environ a été remplacée par le château actuel appartenant à M. le Comte de Maistre.
En 1855, un de cet Seigneurs, Jean de Fontaine, était puissant pour faire valoir contre l’Abbaye de Bernai, ses droits au sujet du patronage de l’Eglise. Par suite des acquisitions faites à diverses reprises par ses descendants et principalement les 20 Février 1570 et 10 Juin1579, ce fief acquit une plus grande importance ; mais par la transaction du 31 mars 1648, il fut déclaré relevant de l’Abbaye de Bernai. Dans la description de cette paroisse nous avons mentionné les divers Seigneurs qui ont possédé ce domaine jusqu’au XVIII° siècle, mais depuis cette époque il changea souvent de propriétaire.
En 1718, il appartenait à M° René Héroult, chevalier, Conseiller du Roy, Seigneur de Fontaine. (Il entreprit un long procès contre l’Abbaye de Bernai).
28 Avril 1744.- Par contrat passé devant les notaires de Bernai, M° De Marville vendit ce fief à M° Saget, Conseiller au Parlement de Paris; et dans un aveu rendu à l’abbaye de Bernai le 20 Décembre 1749 par ce dernier possesseur nous avons trouvé la déclaration ci-dessous transcrite:
Le fief de Betheville est un huitième de fief, avec cour usage, moyenne et basse justice, pleds et Gage-Pleiges, hommes, hommage, regard de mariage (2), prières et corvées-journées d’hommes, fenage et tassage de gerbes de foin) rentes en derniers, grains, oeufs, oiseaux, colombier à pied, droits honorifiques avec le droit de prendre trois pains sur le revenu de la dite Eglise et 25 chandelles de cire à la Chandeleur, domaine fieffé et non fieffé prés, bois, pature, garenne, et tout ce qu’à noble fief appartient, lequel chef-mois d’y celui contenant 1 acre 10 perches où est le manoir Seigneurial et autres bâtiments assis audit Fontaine, lequel fief est tenu mouvant et relevant de la Baronnie de Bernai, chargé envers icelle de 17 livres 10 sols de rente Seigneuriale, payables à la recette de la dite Abbaye, et de 20 sols à la recette des Pitances au terme de St Remy, ce qui fait en tout 18 livres 10 sols avec foy, hommage, moutiers,, banniers, reliefs, treizièmes et autres droits Seigneuriaux, le cas s’offrant, etc..(3).dans l’Eglise de Fontaine.
(1) Il est probable que ce nom provient de l’ancienne Villa Romaine construite dans son voisinage.
(2) Le regard de mariage, qui n’était plus au XVIII siècle qu’un reste de l’ancien Droit de Jambage, consistait dans le paiement d’une certaine somme d’argent versée au Seigneur par l’homme de son fief auquel il avait accordé la permission de se marier.
Il parait assez étrange que cette singulière coutume ait été tolérée par l’Abbaye dans un fief dont elle possédait La suprématie, mais en parcourant les arrests des divers Parlementa, on trouve, de fréquents exemples où les
Seigneurs, ecclésiastiques prétendaient eux mêmes à 1’exercice de ce droit.
(3) Cet aveu avait été baillé 1e 20 Décembre 1749 à M° Foucques d’Asnières Sénéchal de 1’abbaye par Jean Baptiste Joseph Saget, Seigneur de Fontaine.
Quelques documents datés concernant Fontaine l’Abbé :
Dans, le Rôle des Vingtièmes pour Fontaine l’Abbé en 1760, nous lisons: M° Saget Conseiller au Parlement de Paris possède la terre et Seignerie de Fontaine, consistant en la ferme du Château du Chesnei, du Caton, la forge du maréchal, le Fourneau à Chaux, la maison de la Verte Vallée, 2 acres 3 vergées en masure, le bois de 40 acres de coupe réglée. D’après un acte passé à Paris le 30 Septembre 1765, les créanciers de M° Saget vendirent ce fief à M° Henry François Tavernier De Boulogne, Président du Grand Conseil et Intendant du Commerce ; mais par un nouveau Contrat passé à Paris le 30 Juin 1772 les héritiers de M° De Boulogne en firent la cession à M° Louis Nicolas Manoury, Conseiller du Roy, Référendaire en la Chancellerie de Rouen moyennant 260.000 livres et à la charge de plusieurs parties de rente montant à 899 l. 11 s. 8 d et d’entretenir les baux subsistant alors, savoir :
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LE FIEF DE BETHEVILLE (suite)
En 1760
M° Saget Conseiller au Parlement de Paris possède la terre et Seignerie de Fontaine, consistant en la ferme du Château du Chesnei, du Caton, la forge du maréchal, le Fourneau à Chaux, la maison de la Verte Vallée, 2 acres 3 vergées en masure, le bois de 40 acres de coupe réglée.
Valeur du Revenu :
- En 1760, 6246 livres dont le 20ème est de 313 livres.
- En 1772, 7400 livres dont le 20ème est de 370 1ivres
D’après un acte passé à Paris le 30 Septembre 1765, les créanciers de M° Saget vendirent ce fief à M° Henry François Tavernier De Boulogne, Président du Grand Conseil et Intendant du Commerce ; mais par un nouveau Contrat passé à Paris le 30 Juin 1772 les héritiers de M° De Boulogne en firent la cession à M° Louis Nicolas Manoury, Conseiller du Roy, Référendaire en la Chancellerie de Rouen moyennant 260.000 livres et à la charge de plusieurs parties de rente montant à 899 livres 11 soles 8 deniers et d’entretenir les baux subsistant alors, savoir :
- 1°- Celui de la ferme du Château et du Moulin fait au nommé Chevalier Moyennant 4300 livres par an, 2000 bottes de foin, 20 boisseaux de blef et un tonneau de cidre.
- 2°- Celui de la ferme du Chesnei fait à Louis Lafosse moyennant 1400 livres et des faisances.
- 3°- Celui de la ferme du Caton et du fourneau à Chaux à Pierre Quesnel moyennant 684 livres.
- 4°- Celui des Bois fait à Louis Lesaint moyennant 2400 livres.
- Et 5°- celui de la Forge fait à Louis Bretteville moyennant 40 livres
Après la mort de ce riche propriétaire, Marthe Elisabeth Manoury, sa fille unique, pour se conformer aux Règlements concernant le droit de Franc-Fief (Ordonnance du 9 Mars 1700 et art.5 de l’Edit du mois de mai 1708) fit faire le 7 juillet 1785 par l’intermédiaire de Jean Pierre Herval, son tuteur à cause de sa minorité, une déclaration complète du fief de Betheville que son père lui laissait en héritage.
Dans cette intéressante description nous puiserons les renseignement ci-après qui nous font connaître ce domaine dans tous ses détails :
Il se composait ainsi :
- Domaine noble 78a 3v 6p
- Domaine roturier 442a 3v 14p
- Total 512a 2v 20p qui sont louées moyennant un prix de 13750 livres non compris la partie réservée.
Objets en roture:
- Dans les Aînesses 94a — 34p
- Dans les nuements 348a 02v 20p
- Total égal 442a 03v 14p
Ces nuements étaient sujets à cens et à rente envers l’Abbaye de Bernai (1)
- Le domaine non fieffé: 59 acres 2 vergées 2 perches.
- Les Portions du Domaine fieffé réunies à la Seigneurerie: 24 acres 2 vergées 15 perches.
Depuis la Révolution de 1789, ce domaine a vu disparaître tous ses privilèges, et son château moderne en perdant tout le prestige qu’il possédait autrefois aux yeux des populations, s’est trouvé réduit à servir d’exploitation rurale. Après être descendu au rang d’une simple ferme, importante il est vrai, il a vu naître à la liberté et s’élever par un labeur sans relâche ses anciens vassaux dont il avait traité jadis avec le plus profond dédain les prétentions à l’Indépendance. (Sic transit gloria mundi).
(1) Dans les aliénations faites par les Abbé et Religieux les 20 Février 1570 et 10 Juin 1579, il avait été stipulé qu’en plus du prix principal il serait établi au profit de 1’Abbaye un denier de rente Seigneuriale pour chaque acre de terre et 12 deniers de pareille rente pour 1a place et le droit du moulin. (cette rente s’élevait à 5 sols 7 deniers pour cedit moulin)
Quelques documents datés concernant Fontaine l’Abbé :
11 et 12 Septembre 1656– A la requête du Receveur Général de l’Abbaye, Arpentage des Héritages du Domaine non fieffé de la terre et Seigneurie de Betheville, étant acquis au Seigneur Abbé de Bernay au droit de gardien noble dudit fief, vu la minorité des enfants du feu Sieur De la Pihallière auquel fief est établi commissaire pour y celui régie. 14 novembre 1664– Echange entre françois Leroy, Elu en l’élection de Bernai, et Esme De la Vallée, Chevalier, Sieur De la Roche, tuteur des enfants mineurs de feu françois Durant chevalier Sieur De la Pihallière, de 20 acres 3 vergées et 11 perches de terre situées à Fontaine l’Abbé. 22 mars 1682– Vente du fief de Betheville par Jacques Durant escuier, Sieur De la Phiallière à Messire Herault Procureur Général du Grand Conseil à Paris (Jacques Durant escuier était fils de françois Durant Sieur De la Pihallière.) |
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Le Chesné; Jacques Litée était alors Sieur du Chesné ou de la Chesnaie.
La fosse Flocquet, le Val Guéroult, la fosse Beauvallet, la Marquinière au Vigneur, la Marnière au Vigneur, l’Acre au Vigneur. (Il est probable que la Vigne était cultivée dans ce triage).
Le Bois des Benoistons, le brulé, le Bois Guillaume, le Clos Bourget ou Bourgée, le clos du mur, le Moulin, sans doute le Moulin Jumel, les Hesbes, les Marettes, la rue Esvault, la longue Vergée, la passée, les champs, les Vallots.
Le Sentier Perrey, près la forêt de Beaumont-le-Roger.
Le Recou ou le Ricou., Ricourt.
Grossée, la Mare Aubert, la Mare au bout, les Campereaux, les longs Champs, les Coutures, le Buisson, la mare du Buisson.
La Gambinière, bornant le chemin de Beaumont à Orbec. En 1641, Jacques De Maillet, écuyer, était Sieur de la Gambinière. (Aveu du 13 avril 1641).
Le triage de la forêt de Beaumont-le-Roger appartenant à la fille Sousâge de feu noble homme Messire Jean Dubreuil, écuyer, Sieur de Catehou.
Les Champs de Vault, la Bretonnière, ancien nom de fami11e que l’on retrouve à Carsix.
LeDieutre, le.chemin d’Orbec, le Buisson Pillet, le Hébert, la petite fontaine de la forêt et du Clos Gille, le Bois Guillaume et le chemin Saunier.
L’ainesse Guillot du.Buisson.- 14 août 1604: Aveu rendu à ladite abbaye par Noble Homme Nicolas Chambellan Sieur du Homme et de la Puthenaie.
Il existait aussi sur le triage de la Fontaine Gallois bornant le chemin de Bernai, une vergée de terre en nature de pré qui devait à l’abbaye une gueline de rente par chacun an, au terme de Noël. Elle avait été acquise par demoiselle henriette de Blois femme séparée quant aux biens d’avec Adrien Leprévost, écuyer, représentant par décret jean LePrévost, Sieur de la Vastine.
(1) Ce Registre est intitulé: Etat des Fiefs de la Baronnie de Bernai pour la paroisse et la Prévosté de Fontaine l’Abbé en 1749.
Quelques documents datés concernant Fontaine l’Abbé :
4 Mai 1611.- Tenure des Gage-Plèges de 1a Frévosté de Fontaine l’Abbé sur le friche du Chesnei. 1° Juin 1620.- Sentence du Vicomte de Beaumont-le-Roger, par suite de la procédure entre l’abbaye de Bernai et Messire Louis de Marillac, pour raison d’un débat de tenure sur une pièce de terre sise à Fontaine, prétendue par ledit Seigneur De Marillac au préjudice de ladite abbaye, au profit de laquelle ladite pièce a été adjugée. Du 13 Janvier1639 au 9 Janvier 1642.- Procédure par 1’abbaye contre M Louis de Rochechouard, chevalier, Seigneur, Comte De Maure, et Dame anne Dony d’Atichy son épouse, propriétaires des fief, terres et Seigneurie de Betheville par succession de feu Messire le Maréchal De Marillac. 13 Avril I641.- Aveu rendu à l’abbaye par Jacques de Maillet escuier Sieur de 1a Gambinière, et par Jean De Maillet aussi escuier Sieur de Friardel, pour 2 acres 3 vergées 10 perches de pré situés proche la rivière. 8 Juin 1656.- Aveu rendu par 1e fief de Betheville par Dame Rache1de Bonin veuve feu messire françois Durant, escuier, Sieur de la Pihallière, mère tutrice de ses enfants mineurs. |